Le royaume Lunda : un patrimoine historique de la province de Lualaba

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Située au sud de la République démocratique du Congo, la province de Lualaba est l’une des subdivisions du pays qui renferme plusieurs tribus et ethnies. Parmi ceux-ci se retrouvent les lunda dont l’histoire a traversé les temps. Les lunda retrouvés dans la province du Lualaba, mais également dans d’autres provinces limitrophes sont des populations de langue bantoue d’Afrique centrale et australe. Le présent article que vous allez lire vous présentera l’histoire de ce peuple de la République démocratique du Congo en général, mais de la province de Lualaba en particulier. Avant tout, il est important que nous partions d’une vue générale de la province de Lualaba avant d’aboutir à l’histoire des Lunda.

La géolocalisation de la province de Lualaba

Située au sud-ouest de la République démocratique du Congo, la province de Lualaba est estimée à environ 121.308 Km2. Elle est limitée au nord par trois (3) autres provinces : la province du Kasaï-central, celle de Lomami et celle du Haut-Katanga. Au sud, elle est limitée par des régions de la république de la Zambie et de la République d’Angola. Cette dernière se retrouve également à son côté ouest tandis qu’à l’est on retrouve la province du Haut-Katanga.

Subdivisée en quatre territoires et une ville, la province de Lualaba a pour chef-lieu Kolwezi qui est d’ailleurs la seule et grande ville. Au nombre des territoires, on peut citer : le territoire de  Dilolo, celui de Sandoa, celui de Kapanga, celui de Lubudi et celui de Mutshatsha. Avec une démographie estimée à 1.677.288 habitants, on trouve à Lualaba 14 habitants par Km2. Les langues les plus parlées sont le français et le swahili. On y retrouve différents groupes ethniques parmi lesquels on peut citer : les Lunda, les Tshokwe, les Ndembo, les Kaonde, les Sanga… Parcourons à présent l’historique de la province de Lualaba.

 Historique de la province de Lualaba

Tout comme les provinces du Haut-Katanga, du Haut-Lomami et du Tanganyika, la province de Lualaba est issue du démembrement de l’ancienne province du Katanga. Sa configuration actuelle remonte à la constitution de Luluabourg en août 1964. Ladite constitution subdivisait le pays en 21 provinces. Ainsi, la ville de Kolwezi devient le chef-lieu de la province à qui sont rattachés les quatre autres territoires qu’elle dispose aujourd’hui. Cette province fut gouvernée pour la première fois par Monsieur Dominique DIUR dont les actions sont immortalisées par la construction de la cité ainsi que celle du stade de football qui porte  son nom à la commune de Manika.

Dans les années 1965, la 2e république établie sous le règne dictatorial du président MOBUTU transforma Lualaba en district qui deviendra plus tard une sous-région de Katanga. Vers les années 70, le président MOBUTU prit la décision d’extirper des territoires du district, la ville de Kolwezi ainsi que les territoires de Mutshatsha et de Lubudi. Ceux-ci seront alors regroupés pour former le district urbano-rural de Kolwezi. Lors de la conférence nationale souveraine, l’acte constitutionnel adopté par l’assise concèdera à Lualaba son statut de province dans les dimensions de 1964. Ceci sera par la suite pris en compte par la constitution de 2006 qui reconnaîtra le statut de province de cette partie sud-ouest de l’ancienne province du Katanga.

Quels sont les atouts économiques et touristiques de la province de Lualaba ?

La province de Lualaba dispose d’un sous-sol riche en minerais. On retrouve à Lualaba des gisements riches en métaux non ferreux comme le Cobalt, le cuivre, l’or, l’étain, la Manganèse, etc. en dehors de ceux-ci, on retrouve également à Lualaba d’autres matériaux industriels comme le sable, le granite, la dolomie, le quartzite et le calcaire qui sont fortement exploités. De ce fait la province connaît une grande présence d’industrie. On y retrouve :

  • Des exploitations minières artisanales ;
  • Des sociétés minières et leurs sous-traitants comme : TFM, GCM, KCC ;
  • D’autres sociétés comme SNELL, SNCC.

En d’autres termes l’exploitation industrielle tient une place de choix dans le Lualaba. Cependant, d’autres activités émergent dans la province notamment dans le secteur du tourisme. En effet, la province dispose d’importants atouts touristiques qui sont de jour en jour mis en valeur grâce aux actions de l’actuel gouverneur qui a fait comme cheval de bataille la réduction de la dépendance minière. Au nombre des atouts touristiques de la providence, on peut noter :

  • Les cascades et chutes spectaculaires (Tshatuta et Mukwiza dans le territoire de Mutshatsha, Dipeta et Kayo à Lubudi, Kading dans le territoire de Sandoa) ;
  • Les lacs naturels (Kafakumbi) et artificiels (Katebi et Wansela) ;
  • Les grottes (Diyal dia Mpemb à Musumba, Kyantapo à Lubudi) ;
  • La variété d’espèces animales aussi bien aquatique que terrestre que l’on y retrouve.

Ainsi, ces différents attraits touristiques font de la province une véritable plaque tournante du tourisme. Ceci fait que la province de Lualaba est en plein développement et est promu à de meilleurs jours. Tout ceci est accompagné par son fort potentiel agricole.  Au-delà de ces ressources dont dispose la province, elle présente une variété culturelle indéniable aux différentes ethnies qui la composent. Le peuple Lunda en est une de ces ethnies.

À la découverte du peuple Lunda de la province de Lualaba

Cette découverte se fera à travers le royaume.

 Le royaume des Lunda 

Les Lunda sont des peuples d’Afrique noire que l’on retrouve notamment dans le sud de la République démocratique du Congo. Ils sont également présents dans l’est de l’Angola et  dans le nord de la Zambie. En République démocratique du Congo, on les retrouve dans les provinces du Kasaï-central, du Kwango, du Kwilu et du Lualaba. En effet, les Lunda dont la signification est « amitié » sont des peuples de langue bantoue dirigée par un empereur ou une impératrice désigné par un conseil et qui prend le nom de Mwant Yav.

Cet empire servait de plaque tournante pour le commerce avec les Arabes, les portugais ainsi que les habitants des régions avoisinantes. Ils importaient des armes à feu et des tissus. En retour, ils faisaient le commerce des esclaves,  de l’ivoire et du cuivre. Le Swahili était la langue parlée par les commerçants et les nobles qui probablement comprenaient aussi l’arabe. Après les nombreux tumultes occasionnés par le pouvoir Chokwe vers 1880, le territoire fut divisé en 1884 par les puissances coloniales. Toutefois dans les années 60, le nationalisme Lunda continua, et ceci conjointement et en concurrence avec celui des Lubas, un peuple frère.

La fondation du royaume des Lunda

Selon la tradition orale, les origines du royaume des Lunda sont ramenées vers les années 1600 de notre ère. En effet, vers le XVIe siècle, un groupe de population de l’empire de Luba ayant à sa tête Ilunga Tshinbida frère ou neveu de l’empereur Ilunga Tshinbida dont il est le rival, émigra vers l’ouest et arriva sur le territoire de la confédération des Ba Lunda ou Lunda située au sud-ouest du Katanga.

Ce dernier après avoir épousé la reine Lueji, fille du roi Konde des Bungu reçut de la part de celui-ci le bracelet sacré, insigne de la royauté. Ils eurent un fils Yao Namedji qui prit le nom de Mwant Yav dont la signification est vénérable Yav et qui restera le titre des souverains Lunda. Selon la tradition orale, ce premier Mwant Yav serait le fruit des entrailles d’une autre génitrice nommée Kammonga, car la reine Lueji, sa mère symbolique serait stérile.

On raconta que ce premier Yav étendit les limites du royaume et nomma des gouverneurs des chefs d’autres branches Lunda comme celui du Kazembe situé au sud-est du lac Moero. Ce groupe de Lunda jouissait d’une grande proximité avec les partenaires commerciaux et était promu à une grande prospérité.

 L’expansion et le commerce dans le royaume des Lunda

Grâce aux expéditions militaires et au commerce, le royaume des Lunda connaît un développement rapide. De la capitale Musumba qui était son siège, l’empereur qui était choisi par un conseil de sage présidait tout l’empire. Pour la circonstance, il  choisissait des chefs politiques des groupes appelés Ayilol à qui il déléguait son pouvoir. Ceux qui se retrouvaient à la périphérique apportaient un tribut à l’empereur. Par ailleurs, la succession à la tête de l’empire n’était pas biologiquement héréditaire. Le choix de l’héritier se faisait en fonction de sa capacité à régner, car ils savaient que les qualités et la sagesse d’un bon empereur ne se transmettent pas par le sang.

Toutefois, le nouvel empereur pour l’exercice de ses fonctions et pour assurer la continuité symbolique reprenait le nom, la personnalité et la parentèle de son prédécesseur qui ne sont rien d’autre que ceux du premier Yav. Cette manière de choisir l’héritier a permis la stabilité du royaume des Lunda.

Dans sa quête de l’ivoire, du cuivre et du sel, le royaume des Lunda s’étendit jusqu’à l’actuel Angola. Ils commenceront ainsi vers 1650 le commerce avec les Portugais ce qui leur permit d’avoir le monopole du commerce de tous ces produits vers la fin du XVIIe siècle. Dans la moitié du XVIIIe siècle, le royaume exerçait un contrôle total sur l’étendue entre le lac Tanganyika et la rivière Kwongo. Le contrôle du commerce extérieur devient alors une fonction royale.

La religion chez les Lunda  

Les lunda étaient des peuples qui croyaient en l’existence d’un dieu suprême qu’il nommait Nzambi, auprès duquel reposaient les défunts. Ils ne communiquaient pas avec lui directement, mais plutôt par des esprits des forces de la nature et des ancêtres. Ils déposaient des offrandes de nourriture à Nzambi et voyaient les phénomènes climatiques ainsi que les espèces végétales et animales comme des manifestations de Nzambi.       

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